Laurent Leroux, pionnier du Nord
Territoires du Nord-Ouest, Canada
Date de naissance : 17 novembre 1759
Lieu d’origine : L’Assomption, Québec
La Compagnie du Nord-Ouest créée en 1784, est appelée à concurrencer la Compagnie de la Baie d’Hudson qui, jusque-là, détenait le monopole sur un immense territoire. La compagnie du Nord-Ouest acquiert aussitôt les services de nombreux francophones familiers avec les us et coutumes de la population autochtone. Laurent Leroux est un de ces francophones émérites.
Laurent Leroux est le fils de Germain Leroux d’Esneval et de Marie-Catherine Vallée, la veuve de Pierre Beaudin. Germain Leroux est un commerçant d’origine parisienne et vient en Nouvelle-France comme soldat. Il vit à l’Assomption en 1759, où son nom figure parmi les habitants les mieux nantis. En 1776, Laurent Leroux sait suffisamment lire, écrire et faire de la tenue de livres pour être engagé par le marchand montréalais Pierre-Louis Chabouillez, à titre de commis à Michillimakinac au Michigan. En 1784, il devient commis pour la compagnie de fourrure Gregory, MacLeod and Compagny.
À l’automne 1786, Laurent Leroux obéit aux ordres de John Ross, son supérieur, et établit, au nom de l’entreprise, un poste de traite sur la rive du Grand lac des Esclaves. Il devient le premier blanc à se rendre à cet endroit, où il fonde Fort Resolution. À la demande d’Alexander MacKenzie (explorateur qui a découvert le fleuve portant son nom aujourd’hui), avec qui il voyage, il établit en 1789 un second poste de traite, Fort Providence, dans la baie de Yellowknife. Il effectue de nombreuses missions auprès des Amérindiens pour les inciter à faire la traite des fourrures avec lui. Il épouse, à la façon du pays, une Amérindienne de la nation des Sauteux avec laquelle il a quatre filles.
En 1792, il quitte l’Ouest définitivement pour prendre en main le commerce de blé et de victuailles de son père décédé. En 1796, à l’Assomption, il épouse Marie-Esther Loisel qui met au monde une fille. Avec un associé, il contrôle la confection de ceintures fléchées qu’il expédie à la Compagnie du Nord-Ouest. En 1798, il ouvre une fabrique de potasse à l’Assomption et diversifie ses activités commerciales en vendant des articles de quincaillerie. Vers la fin de la décennie 1790, il fait l’acquisition d’un nombre impressionnant de propriétés locatives. En 1817, il est un des rares actionnaires canadiens-français de la nouvelle Banque de Montréal.
Sur le plan social, Laurent Leroux est juge de paix, capitaine de milice de l’Assomption (1802-1810), major de la milice (1819), trésorier de l’école primaire de l’Assomption (1825) et grand juré de la Cour du roi (1826). En 1827, il devient un des deux députés de Leinster à la chambre d’Assemblée du Bas-Canada, mais en 1830, il ne se représente pas. Indifférent aux honneurs, Laurent Leroux préfère consacrer ses moments libres à la lecture et à son commerce, qu’il possède jusqu’à sa mort.
En 1854, il s’éteint à l’âge de 95 ans. Premier homme blanc à avoir exploré le Grand lac des Esclaves, Laurent Leroux a su faire fructifier l’héritage de son père. Son flair pour les affaires et sa propension à prendre des risques calculés ont fait qu’à la fin de sa vie, il a pu léguer à ses héritiers une importante fortune et, fait plutôt inusité pour un marchand de cette époque, une impressionnante bibliothèque. En son honneur, le centre socioculturel francophone de Yellowknife porte aujourd’hui son nom.
Modification : 2013-04-16